Secrets et singularités du vignoble du Mâconnais : exploration d’un terroir unique

S’étendant sur près de 50 kilomètres, entre Tournus et Mâcon, le vignoble du Mâconnais marque la transition entre Bourgogne du nord et pays lyonnais. On y compte environ 6 900 hectares de surface plantée (source : BIVB), ce qui en fait l’un des plus vastes secteurs bourguignons.

• Relief : Le Mâconnais est une succession de collines ondulantes, dont l’unité majeure réside dans l’alignement nord-sud de ses rebords, ponctués de falaises calcaires spectaculaires (la Roche de Solutré, la Roche de Vergisson).
• Exposition des coteaux : Les meilleures parcelles profitent d’une exposition est ou sud-est, à l’abri des vents dominants.
• Climat : Plus chaud, plus sec et aussi plus lumineux que le reste de la Bourgogne, le climat du Mâconnais subit des influences continentales et méridionales, avec une moyenne de 2 000 heures d’ensoleillement annuel (un record local).

Ces éléments font la richesse et la variété de ce patchwork de terroirs, permettant à chaque village de développer sa propre expression du vin.

La spécificité géologique du Mâconnais influence grandement la personnalité de ses vins :

• Le calcaire domine, notamment le calcaire à gryphées du Jurassique – visible à Solutré –, associé à des marnes et à des argiles rouges. Cette composition favorise la fraîcheur et la minéralité dans les blancs.
• Les argiles et sables rouges apportent structure et rondeur, notamment dans certaines cuvées de rouges.
• En quelques kilomètres seulement, la constitution du sous-sol peut varier sensiblement, donnant naissance à de nombreux – le terme bourguignon pour désigner une parcelle à l’identité unique.

Cette mosaïque géologique explique pourquoi le Mâconnais est aussi attaché à l’exaltation de ses lieux-dits.

Le vignoble du Mâconnais tire son identité de la coexistence entre grandes appellations régionales et petites appellations communales. On y distingue :

• Mâcon (AOC depuis 1937) : La plus vaste, produisant aussi bien des blancs que des rouges et des rosés, souvent mentionnée avec le nom de la commune (ex : Mâcon-Lugny, Mâcon-Chaintré…). Près de 80 villages peuvent l’employer.
• Mâcon-Villages : Réservé exclusivement aux vins blancs, sur un périmètre un peu plus restreint.
• Appellations communales : Six villages de renom émergent car autorisés à apposer leur nom seul sur l’étiquette : Pouilly-Fuissé, Pouilly-Loché, Pouilly-Vinzelles, Saint-Véran, Viré-Clessé, Saint-Véran.
• Les crus : Le sommet de la hiérarchie locale, surtout pour les blancs. En 2020, 22 climats de Pouilly-Fuissé ont reçu le classement Premier Cru – une première pour le Mâconnais ! (source : BIVB).

Cette diversité offre un terrain de jeu privilégié aux amateurs qui aiment explorer la subtilité des terroirs.

Le cépage chardonnay règne en maître (environ 85 % de la surface totale plantée, source : Union des Producteurs de Vins Mâcon), pour des vins blancs expressifs qui allient fruits mûrs et fraîcheur. Les rouges et rosés du Mâconnais, moins connus, réservent pourtant de belles surprises.

• Chardonnay : Les recettes varient, de vins secs, vifs et floraux (Mâcon-Villages), à des styles plus amples et complexes (Pouilly-Fuissé premier cru), parfois élevés en fût.
• Gamay : C’est le cépage des rouges et rosés, frais, légers et gourmands, de plus en plus recherchés pour leur abord décomplexé.
• Quelques rares parcelles de Pinot Noir subsistent, notamment dans l’appellation Mâcon.

Le Mâconnais propose donc une large palette de saveurs, accessibles aussi bien aux amateurs de grands blancs qu’aux buveurs de rouges frais et fruités.

Le Mâconnais se distingue par l’importance et la vitalité de ses caves coopératives – près de 80 % du vin y est produit selon ce schéma collectif (source : BIVB). La première du genre, la Cave de Lugny, fondée en 1926, jouit encore aujourd’hui d’une grande réputation.

Mais ces dix dernières années, le nombre de domaines familiaux indépendants et de micro-vignerons a explosé. Le vignoble foisonne de jeunes talents qui s’attachent à valoriser des pratiques plus respectueuses de l’environnement (bio, biodynamie, vin nature…).

• Plus de 18 % des surfaces sont aujourd’hui certifiées bio, soit quasiment le double depuis 2015 (source : Agence Bio).
• La transmission intergénérationnelle reste forte, la plupart des domaines restant dans la famille depuis des décennies, parfois depuis le Moyen Âge.
• Beaucoup de vignerons cultivent la convivialité et l’accueil, proposant des visites, balades dans les vignes, ou encore des évènements festifs comme le Printemps des Vins de Mâcon.

• La Roche de Solutré et la Roche de Vergisson sont les emblèmes du Mâconnais. Ces hauts lieux préhistoriques offrent des panoramas superbes sur les vignes – et se visitent aisément toute l’année.
• De nombreux villages (Fuissé, Solutré-Pouilly, Clessé, Vergisson…) sont classés parmi les « Plus Beaux Villages de France ».
• Les cadolles, anciennes cabanes de vignerons en pierre sèche, ponctuent les balades. Un patrimoine rural typique.
• Le charme des maisons à galeries mâconnaises, reconnaissables à leurs façades en pierre claire et balcons de bois, témoignent d’un art de vivre authentique.

Le succès du film « Ce qui nous lie » (Cédric Klapisch, 2017), tourné à Solutré et ses environs, a contribué à braquer les projecteurs sur la beauté brute et inspirante du Mâconnais.

• Les vins du Mâconnais gagnent en notoriété à l’export. Entre 2010 et 2022, leurs ventes hors de France ont progressé de plus de 75 % (source : Fédération des Exportateurs de Vins et Spiritueux de France).
• Les domaines misent sur la valorisation de leurs parcelles et la montée en gamme, avec davantage de sélections parcellaires et des étiquetages “lieux-dits”.
• Le tourisme viticole explose, porté par la conjonction de balades en vélo électrique, randonnées au milieu des vignes, expériences de dégustation immersive et hébergements de charme chez les vignerons.
• Un accent fort est mis sur la préservation de la biodiversité, avec des campagnes pour replanter arbres, haies et zones naturelles autour des vignes.

Le Mâconnais s’impose ainsi comme une région de vins en mouvement, attentive à son identité tout en s’ouvrant au monde.

• La Route des Vins Mâconnais-Beaujolais sillonne la région sur plus de 80 kilomètres, idéale pour une escapade en voiture, à vélo ou à pied, avec près de 60 domaines et caves coopératives participant à l’accueil des visiteurs (Destination Saône-et-Loire).
• À ne pas manquer :
  • Le village médiéval de Berzé-le-Châtel et son château pittoresque,
  • Fuissé et les sentiers de Solutré-Vergisson,
  • Lugny, et sa fameuse cave coopérative,
  • Clessé, réputé pour ses blancs élégants et floraux,
  • Les marchés gourmands de Mâcon et Tournus.
• De nombreux événements ponctuent l’année : Printemps des Vins, Fascinant Week-end Vignobles & Découvertes, randonnées musicales, etc.

Attaché à ses restanques ensoleillées, ouvert à la modernité, le Mâconnais sait rester fidèle à ses racines tout en s’adaptant aux enjeux de demain. Rares sont les régions où l’on passe aussi facilement d’un blanc vif à un blanc ample, d’un vigneron bio à une grande maison dynamique, d’une dégustation confidentielle aux terrasses ouvertes à tous. Entre la richesse de ses paysages, l’authenticité de son accueil et l’incroyable potentiel de ses terroirs, le Mâconnais s’offre autant à ceux qui veulent approfondir leur connaissance des vins qu’à ceux qui cherchent l’émotion de la découverte. Qu’il s’agisse d’une première halte ou d’un retour amoureux, rien n’empêche de revenir, tant une seule visite ne saurait épuiser la vitalité et la générosité de ce vignoble unique.