Le Mâconnais dessine une large bande de vignes qui s’étend du sud de la Bourgogne jusqu’à la frontière nord du Beaujolais. Avec plus de 6 000 hectares plantés (source : InterBeaujolais 2023), c'est le premier vignoble bourguignon par sa superficie, mais aussi l’un des plus variés. Ici, le Chardonnay règne en maître – il couvre 80 % de la surface viticole –, mais la diversité des terroirs donne naissance à une palette de vins blancs et rouges d’une rare expressivité, allant du fruité croquant à la complexité minérale des grandes cuvées.
Pour comprendre l’identité si particulière des vins du Mâconnais, il faut partir à la rencontre de ses paysages : coteaux ondulants, vallées abritées, affleurements rocheux insolites. Car, plus que partout ailleurs, le sol et le climat y composent une mosaïque où chaque parcelle imprime sa marque sur les vins.
Le vignoble du Mâconnais repose sur une structure géologique remarquable : c’est un véritable puzzle, dont les pièces combinent calcaires, marnes, argiles, et même quelques grès. Les roches les plus célèbres ? Les calcaires du Jurassique, exposés dans de spectaculaires formations comme la Roche de Solutré ou la Roche de Vergisson.
Cette incroyable variété de sols permet au Chardonnay d’exprimer une infinité de nuances. Sur les marnes, les vins gagnent en puissance ; sur les calcaires, ils affichent une grande finesse et une belle longueur saline.
Le Mâconnais bénéficie d’une position privilégiée : il profite d’influences continentales bourguignonnes mais aussi de la douceur venue du sud. La région est l’une des plus ensoleillées de Bourgogne, avec plus de 2 000 heures de soleil annuelles (source : Météo France, 2022). Les précipitations demeurent raisonnables, avec une moyenne de 850 mm/an – ce qui limite les risques de maladies fongiques et favorise une maturité optimale des raisins.
Les vents d’ouest venus de l’Atlantique apportent parfois de la fraîcheur et dissipent les brouillards matinaux, particulièrement dans les secteurs élevés de Vergisson ou de Chaintré. Les différences de température entre jour et nuit, appelées « amplitudes thermiques », sont notables au début de l’automne et permettent au raisin de conserver sa vivacité tout en gagnant en richesse aromatique.
Cette alliance de chaleur, de luminosité et de variations thermiques confère aux vins leur équilibre : une maturité juteuse sans lourdeur, une acidité élégante, des arômes précis.
Avec une altitude moyenne comprise entre 200 et 450 mètres, le relief du Mâconnais modelé par l’érosion pèse lourd dans la typicité des vins. Les meilleurs crus prennent place sur des pentes parfois abruptes (jusqu’à 50 % de déclivité à Vergisson !), ayant l’avantage de garantir un excellent drainage et d’éviter l’excès de fertilité.
Une anecdote marquante : le climat “Les Charmes” à Fuissé, l’une des parcelles historiques, se trouve sur un cône d’éboulis calcaire en forte pente. Cette situation, presque extrême, génère un stress recherché pour la vigne, donnant des vins au profil minéral ciselé, très recherchés par les amateurs.
L’influence du terroir ne s’arrête pas au sol ou à la météo. La tradition locale, la façon de travailler la vigne, le choix entre vendanges manuelles ou mécaniques, tout cela compose l’identité des vins du Mâconnais. On recense aujourd’hui 43 communes autorisées à produire du Mâcon-Villages, chacune apposant son nom sur l’étiquette pour revendiquer sa singularité.
Chacun de ces villages cultive un rapport intime avec son terroir : choix des clones, densité de plantation, méthodes culturales (bio, biodynamie, taille douce, enherbement…), tout varie selon les pentes, la tradition ou même l’exposition au vent du nord localement appelé « la bise ».
Une dégustation à l’aveugle menée en 2021 par La Revue du Vin de France a classé plusieurs cuvées issues de terroirs très distincts à égalité de qualité, démontrant combien le vignoble est riche en nuances et difficile à enfermer dans un seul style.
Le Mâconnais n’est pas un terroir figé, et ses vignerons sont parmi les plus innovants de Bourgogne. Face au changement climatique, de nombreuses initiatives émergent :
La prochaine décennie s’annonce prometteuse : les nouveaux premiers crus, la quête de fraîcheur malgré le réchauffement, l’émergence de talents, tout cela contribue à renforcer encore le dialogue entre terroir et vin. Entre la main du vigneron, la force du paysage et l’extrême précision des sols, le Mâconnais démontre avec panache que le terroir n’est pas un héritage figé mais un formidable terrain de jeu pour les amoureux du vin.
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